La leptospirose : qu’est-ce que c’est ?

La leptospirose est une maladie due à des bactéries, les leptospires dont il existe de nombreuses espèces en France. Les rongeurs sauvages peuvent être porteurs de ces bactéries et contaminer l’environnement par leurs urines. Ces bactéries sont capables de survivre plusieurs mois dans des milieux chauds et humides comme les eaux douces ou les sols boueux. Au contact de l’environnement, les animaux domestiques ou l’homme peuvent être contaminés à leur tour via les muqueuses ou une plaie.

Votre chien peut donc par exemple s’infecter en buvant de l’eau souillée, lors d’une baignade ou par projection d’urine contaminante. Les leptospires craignent la sècheresse, on les retrouvera donc d’autant plus après des périodes pluvieuses, par exemple en automne.
Cette maladie peut se transmettre très exceptionnellement de l’animal à l’homme, c’est ce qu’on appelle une zoonose.

Certaines professions sont plus exposées à cette maladie comme les égoutiers, les employés du BTP et des abattoirs, les éboueurs, les éleveurs ou les vétérinaires ; mais c’est une zoonose qui s’attrape aujourd’hui principalement durant des loisirs aquatiques, lors de baignade ou de pêche en eau douce. Elle reste très rare, on compte en moyenne 600 cas humains par an en France, dont la moitié provient des Départements et Territoires d’Outre-Mer où le taux d’incidence peut être 100 fois plus élevé qu’en métropole.

Les symptômes de la maladie

Tous les chiens sont susceptibles de contracter la maladie, car on retrouve des rongeurs en ville comme à la campagne. Les premiers symptômes peuvent apparaitre sept jours après la contamination. Dans 75% des cas, un chien malade sera très affaibli, ne voudra plus manger et on observera des vomissements. L’infection bactérienne provoque de la fièvre chez l’animal atteint.

Après contamination, les bactéries se disséminent dans différents organes et tissus, ce qui rend le diagnostic difficile et peut conduire à des formes d’expression de la maladie très variées plus ou moins concomitantes.

  • La forme rénale est la plus fréquente. Le chien va développer une insuffisance rénale aiguë. Ses fonctions urinaires seront touchées, donc l’animal va avoir tendance à boire et uriner beaucoup, ou au contraire dans certains cas rares et plus graves de la maladie, il sera en incapacité d’uriner.
  • La forme « ictéro-hémorragique » se caractérise par des vomissements, une diarrhée sanguinolente et un ictère très marqué, c’est-à-dire que les muqueuses (buccales et oculaires par exemple) du chien sont orangées. Les douleurs abdominales associées aux signes digestifs provoquent un arrêt de son alimentation.
  • La forme pulmonaire entraine des difficultés respiratoires et des hémorragies pulmonaires visibles en radiographie. Une détresse respiratoire peut se repérer par des sifflements ou bruits respiratoires, un mouvement augmenté des narines, des mouvements décalés du thorax et du ventre pendant la respiration, le chien peut tendre son cou et ouvrir grand la bouche comme s’il cherchait de l’air, sa langue et ses muqueuses peuvent aussi devenir bleues en signe de cyanose qui est un manque d’oxygénation sanguine.
    Des troubles ophtalmologiques peuvent aussi être observés lorsque les leptospires pénètrent dans l’oeil. Ainsi, au niveau de l’œil on peut observer des congestions ou un ictère de la muqueuse.

Chez l’homme, la leptospirose peut entrainer la présence de bactéries dans le sang : une septicémie, un syndrome fébrile caractérisé par des fièvres à répétitions, des frissons, une tachycardie, des maux de têtes. Des formes plus graves peuvent aussi engendrer des problèmes rénaux, hépatiques, méningés, cardiaques ou pulmonaires. Il faut faire particulièrement attention aux femmes enceintes, aux enfants et aux personnes immunodéprimées. Si un syndrome fébrile apparait, consultez rapidement et mentionnez à votre médecin si un cas de leptospirose canine antérieure a eu lieu, car la source de contamination pourrait être la même pour l’homme et l’animal, lors d’une baignade commune par exemple.

Les examens complémentaires que peut vous proposer votre vétérinaire

Pour aider au diagnostic, une prise de sang en vue de l’analyse de certains paramètres peut révéler une atteinte rénale ou hépatique.
Pour confirmer l’hypothèse de leptospirose, votre vétérinaire peut effectuer des tests à partir d’un prélèvement de sang ou d’urine. Il peut par exemple regarder si votre chien a développé des anticorps pour lutter contre la bactérie grâce à un test de micro-agglutination. Ce test nécessite deux prises de sangs espacées d’au moins une semaine. De nombreux autres tests immunologiques existent. Un test PCR moléculaire est également disponible et se réalise à partir de sang ou d’urine pour rechercher directement la présence de la bactérie. Le test PCR et le test de micro-agglutination sont très souvent complémentaires.

En cas de suspicion de forme pulmonaire, votre vétérinaire peut aussi effectuer une radiographie pour repérer d’éventuelles hémorragies pulmonaires.

Les traitements disponibles

Si votre chien est atteint de leptospirose, il sera hospitalisé pour une meilleure prise en charge en clinique. Le traitement est double : on traite à la fois l’infection bactérienne et les symptômes. Une antibiothérapie doit être rapidement mise en place pour lutter contre la bactérie d’abord par voie injectable puis par voie orale et ce durant au moins 15 jours. Le traitement est d’autant plus efficace qu’il débute rapidement. Pour une bonne efficacité du traitement et pour diminuer le phénomène d’antibiorésistance, il est important de bien poursuivre le traitement jusqu’à la fin et de respecter les doses prescrites par votre vétérinaire. Un traitement symptomatique peut aussi être mis en place comme l’administration d’anti-vomitifs ou anti-diarrhéiques pour le confort de l’animal et des pet parents.

Bien qu’il existe un traitement, il faut garder en tête que le pronostic de cette maladie est assez réservé. Selon les études, le taux de survie varie de 50 à 80%.

Il est possible de protéger son chien de la leptospirose par la vaccination. Le vaccin contre la leptospirose est l’un des vaccins essentiels proposés pour les chiens en France. Plusieurs vaccins existent car ils couvrent différents sérovars (un sérovar est une sous-catégorie d'une espèce bactérienne). Traditionnellement le vaccin L2 était utilisé, il protège contre deux sérovars de leptospires. Aujourd’hui, une nouvelle génération de vaccins est disponible et protège contre 3 ou 4 sérovars. Ce sont les vaccins L3 ou L4. Il est conseillé de vacciner son animal avec un vaccin L4 qui protège contre 4 sérovars différents car il couvre deux sérovars supplémentaires qui sont les plus présents dans l’environnement et les plus pathogènes.

En général, cette vaccination se fait d’abord en deux injections pour la primo-vaccination, puis il faut faire un rappel tous les ans.
Il est important de souligner que le vaccin protège uniquement contre certains sérovars, et qu’il n’existe pas de protection croisée. Le chien correctement vacciné peut donc quand même contracter la maladie, s’il est contaminé par des sérovars contres lesquels il n’est pas vacciné. Ce phénomène reste cependant rare, et la vaccination L4 protège relativement bien nos chiens.

Si votre animal est atteint de leptospirose, le risque de zoonose ne doit pas vous faire paniquer, car la transmission est exceptionnelle. Il faut veiller à bien mettre des gants lors du contact avec de l’urine de chien, et bien désinfecter les sols souillés. Enfin, pour certaines catégories professionnelles plus exposées, un vaccin humain peut être proposé.

Quand faut-il aller chez son vétérinaire ?

Etant donné le grand nombre de symptômes non spécifiques que peut causer la leptospirose, les symptômes ne sont pas forcément signe de la maladie. Cependant, si votre chien vomit plusieurs fois par jour, s’il a une diarrhée hémorragique, s’il a les babines orangées, s’il parait abattu, ne veut plus manger ou bien s’il a de la fièvre ; il est important de consulter votre vétérinaire traitant.