Les carnivores domestiques peuvent être atteints d’affections cardiaques ou respiratoires causées par des parasites (que ce soit sous la forme de larves ou de vers adultes). Ils peuvent se loger dans le cœur, les artères ou les poumons et causer de graves problèmes de santé. Il est très important de traiter les animaux avec des antiparasitaires pour prévenir ces infections qui deviennent de plus en plus fréquentes dans le Sud de l’Europe et aux Etats-Unis. Nous nous intéresserons dans cet article à la dirofilariose : maladie des vers du cœur chez le chien et chez le chat.
Dirofilaria immitis : le ver à l’origine de la maladie
La dirofilariose cardiaque est une maladie causée par Dirofilaria immitis. Ce parasite est un ver de type filaire (long, mince et blanchâtre), qui mesure entre 15 et 30 cm. Il se reproduit en donnant naissance à des larves microscopiques qui circulent dans le sang. Les parasites restent dans les artères pulmonaires et suivant leur nombre et l’infestation, ils débordent dans le cœur droit ou les veines cave [1]. C’est la raison de leur dénomination !
La transmission se fait par le biais de vecteurs : les moustiques du genre Culex, Aedes et Anophèles qui peuvent infecter les chiens et plus rarement d’autres espèces (renards, loups, furet, chat, homme…). Le moustique qui pique un animal prélève du sang (contenant des microfilaires) et s’infecte à son tour. Le parasite se développe en quelques dizaines de jours (la vitesse de développement est conditionnée par la température extérieure).
La répartition géographique de la maladie
La répartition géographique de la maladie dépend des moustiques, qui se reproduisent mieux dans les zones chaudes et humides : on les retrouve davantage dans les zones chaudes tempérées et tropicales. Elle dépend également de la présence des espèces sensibles à la maladie et leur déplacement.
En France, la maladie est plus présente en été puisque les moustiques pullulent à cette période mais dans le Sud de la France, on considère que les animaux sont à risque de s’infecter entre mars et octobre. Dans les pays tropicaux, les animaux sont à risque toute l’année.
Finalement, avec le réchauffement climatique et l’augmentation des déplacements des chiens (par le biais de voyages, de déménagements…), la maladie est en pleine expansion. On la retrouve en France (plutôt dans le Sud mais elle remonte vers le Nord), dans les DOM-TOM, dans le Sud de l’Europe (Grèce, Portugal, Espagne, Croatie), en Amérique (du Nord et du Sud) et au Japon. [2]
L’animal voit son risque de contamination augmenter s’il a voyagé dans une zone où la maladie circule, s’il ne reçoit pas d’antiparasitaire ou encore s’il est au contact des moustiques (s’il sort à la tombée de la nuit à côté de plans d’eau). [1]
Symptômes de la maladie
Chez le chien
L’apparition des signes cliniques dépend du nombre de vers qui s’accumulent dans les artères pulmonaires, le degré d’activité du chien et sa taille. On peut classer la maladie par syndrome ou par gravité des signes cliniques observés [1].
Les symptômes qui doivent alerter les propriétaires de chiens suite à une obstruction des artères pulmonaires sont de la toux, une fatigue à l’exercice, une respiration difficile, des malaises et un gonflement du ventre. Certains chiens, du fait d’une faible infestation, ne développeront peut-être jamais de signes cliniques : c’est ce qu’on appelle le stade 1 (il y a moins de dix vers infestants). Pour une charge de dix à cinquante vers, une toux apparaît ainsi qu’une intolérance à l’effort. [2]
Si le chien est parasité par une centaine de vers, il présentera des difficultés respiratoires ainsi qu’une insuffisance cardiaque droite (avec de « l’épanchement » abdominal : du liquide dans l’abdomen), c’est le stade III.
Enfin pour le stade IV et une infestation massive, on observe un ictère (les globules rouges explosent et colorent urines, peau et sang), des insuffisances cardiaques et hépatiques importantes. [2] La mort peut survenir rapidement.
Chez le chat
Le chat est moins atteint par la maladie car il réussit à éliminer les filaires et ils ne parviennent que très rarement dans le cœur. Néanmoins il peut présenter les mêmes signes cliniques que le chien mais généralement de manière plus frustre et moins intense. Il arrive parfois que le chat meurt subitement alors qu’il n’était que faiblement parasité. Les chercheurs ne comprennent pas encore le phénomène, cela pourrait être dû à une réaction allergique très intense. [2]
Le diagnostic de la dirofilariose chez les animaux de compagnie
En cas de symptômes ou de baisse d’état général, il est préférable de consulter le vétérinaire. Il posera d’abord des questions pour étayer son diagnostic. Si la maladie rentre dans son diagnostic différentiel, il sera amené à effectuer des examens complémentaires pour confirmer la maladie. Le diagnostic est difficile à poser, il faut effectuer plusieurs examens (qui peuvent se révéler être un peu coûteux) mais il faut être certain de l’infestation parasitaire avant d’initier un traitement.
Les tests sérologiques sont utilisés pour détecter les substances produites par les vers femelles dans le sang (antigènes) ou par le système immunitaire (anticorps).
Les tests de concentration sanguine permettent de montrer la présence des microfilaires dans le sang.
Ils ne peuvent être effectués qu’à partir du cinquième ou sixième mois après l’exposition (le temps que le parasite réalise son cycle et que l’organisme se défende et produise les anticorps.
Malheureusement, ces tests ne sont pas parfaits : par leur manque de sensibilité et de spécificité, ils peuvent donner des résultats « faux positifs » (identifier un chien malade alors qu’il ne l’est pas ou qu’il est parasité par une autre espèce comme Toxocara canis ou Ancylostoma caninum) et « faux négatifs » (ne pas détecter la maladie chez un chien atteint).
Des radiographies pulmonaires ainsi que des échographies cardiaques peuvent être réalisées pour estimer l’importance des lésions de ces organes. Néanmoins, ils ne permettent pas de diagnostiquer l’infestation : si le parasitisme n’est pas assez important, les vers ne seront pas visibles.
Le traitement de la dirofilariose
Le vétérinaire prescrira des médicaments pour tuer les larves et les vers. La stratégie est double pour enrayer le cycle du parasite, sinon il risquerait de se développer et de se reproduire. Plusieurs molécules antiparasitaires peuvent être utilisées, associées à des antibiotiques pendant un mois. La dirofilariose est l’une des maladies parasitaires pour lesquelles il y a un protocole bien établi selon la gravité de l’atteinte. Il faudra cependant faire très attention en l’utilisant, en effet, un traitement trop rapide peut causer des thromboembolies (formation de thrombus qui peuvent obstruer la circulation sanguine) ou des œdèmes pulmonaires. Le traitement présente des risques de toxicité importants et son coût est élevé.
Chez le chien, en cas d’infestations massives, un traitement chirurgical peut être envisagé mais ce dernier est long, coûteux et risqué.
La prévention de la maladie
La prévention de l’animal dès son jeune âge est indispensable pour réduire les risques de contracter la maladie. Cela passe par des traitements antiparasitaires réguliers et fréquents (surtout en zone d’enzootie et en saison estivale) et plus particulièrement des vermifuges.
Les colliers ou pipettes avec une action contre les moustiques ne sont malheureusement pas toujours efficaces. Il vaut mieux lutter contre les moustiques directement (à l’échelle communale ou individuelle en réduisant les milieux où ils se reproduisent).
Bibliographie
[1] A. Villeneuve (2014) La dirofilariose canine, propositions de traitement et de prévention appropriés au Québec. Faculté de médecine vétérinaire Sainte-Hyacinthe
[2] E. Trénel - Conseils véto 2022, Vers du cœur chez le chien et le chat (Dirofilariose cardiaque) https://conseils-veto.com/vers-du-coeur-chien-chat-dirofilariose