La brucellose est une maladie bactérienne de répartition mondiale qui touche de nombreux animaux : chiens, chats, bovins, ovins, porcins... La bactérie Brucella canis a été découverte en 1966 aux Etats-Unis au cours de recherches sur les avortements chez les beagles. En France, cinq élevages ont déclaré des infections à Brucella depuis novembre 2021 dans cinq départements différents. L’achat de chiens sur internet durant la période COVID ainsi que l’importation de chiens des pays de l’Est ont augmenté les risques d’introduction de la maladie en France, selon l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l'alimentation (ANSES).

La Brucellose, qu’est-ce que c’est ?

La Brucellose est une maladie contagieuse et infectieuse causée par une bactérie du genre Brucella. Il existe 12 espèces de Brucella dont Brucella canis, qui est la principale cause d’infections canines. Il a cependant été montré que Brucella melitensis, abortus, ou suis peuvent aussi infecter les chiens s’ils sont en contact avec du bétail infecté dans les élevages ou s’ils consomment des produits issus d’animaux infectés. Cette maladie provoque des avortements tardifs chez la chienne et de l’infertilité chez la femelle ou chez le mâle. La transmission se fait principalement via les muqueuses, en particulier oro-nasales et conjonctivales. La transmission vénérienne lors de la reproduction est secondaire, et la transmission par des aérosols par voie respiratoire est possible, ce qui peut expliquer une dissémination de la bactérie dans les élevages. Brucella canis peut survivre deux mois dans l’environnement avec des températures basses, et jusqu’à quatre mois dans les sols humides, ce qui peut entrainer des cas de contamination indirecte via les gamelles ou les aires d’hébergements dans un chenil.

Une zoonose rare

La brucellose peut être transmise de l’animal à l’homme, c’est une zoonose, mais les transmissions de Brucella canis restent très rares. Seulement 19 cas humains ont été relevés en France depuis la découverte de la bactérie en 1966. Le risque de contamination est présent lors de mise-bas, de chirurgie obstétricale, lors de la manipulation de produits d’avortement ou des prélèvements de semences chez le mâle positif.

La contamination se fait par contact direct avec des liquides biologiques (sang, urine, écoulements vaginaux, lait, fèces, salive…), via les muqueuses, une plaie ou par voie respiratoire. En prévention, il est conseillé de maintenir des mesures d’hygiène irréprochables comme le port de gants et de masque lors de situations à risque, une bonne hygiène des mains et un nettoyage régulier des litières.

Les symptômes de la maladie

Les symptômes génitaux sont évocateurs de brucellose.

  • Chez la chienne, il s’agit en particulier d’avortements tardifs entre 45 et 55 jours de gestation, mais aussi d’arrêts de gestation plus précoces décelables à l’échographie, et de mortalité néonatale.
  • Chez le mâle, on va retrouver des atteintes de l’épididyme (qui est un petit organe situé le long du testicule, contenant un canal par où passent les spermatozoïdes), qui entrainent l’agglutination des spermatozoïdes et de l’infertilité. Les mâles pourront aussi développer des prostatites et plus rarement une infection des testicules (orchite), ou des lésions dermatologiques testiculaires comme de la nécrose ou des ulcères.
  • De nombreux chiens ont aussi d’autres symptômes plus généraux et peu évocateurs de la maladie. Ils peuvent avoir un mauvais état général : des poils en mauvais état, de la fatigue, ou plus rarement de la fièvre. Plus fréquemment on peut retrouver des boiteries, des infections de la peau (dermatites pyogranulomateuses), des problèmes cardiaques (endocardites), de foie (hépatites), de la rate (hyperplasie folliculaire), une atteinte oculaire (uvéite ou glaucomes), des ganglions lymphatiques (lymphadénite), ou cérébraux (méningites, méningo-encéphalomyélite).
  • Enfin, de nombreux chiens infectés peuvent être asymptomatiques, c'est-à-dire qu’on ne verra aucun symptôme chez l’animal porteur de la maladie.

Les examens complémentaires disponibles

  • De nombreux outils sont à la disposition du vétérinaire pour le dépistage et la confirmation de l’infection par Brucella canis. Deux grandes catégories de tests sont disponibles.
    Les tests indirects sérologiques cherchent la présence d’anticorps produits par l’animal en cas d’infection pour lutter contre la bactérie grâce au système immunitaire du chien. Ces tests nécessitent des prélèvements sanguins et peuvent être répétés toutes les 4 à 6 semaines.
  • Des tests directs sont également disponibles, pour mettre directement en évidence la présence de bactéries. Ces tests se font soit par culture bactériologique, soit par PCR pour mettre en évidence l’ADN de la bactérie. Les tests PCR sont plus rapides que la culture bactérienne qui dure au moins dix jours. Ces tests directs peuvent se faire sur prélèvement sanguin, par un écouvillon vaginal après un avortement ou lors des chaleurs, sur des produits d’avortements, ou sur d’autres liquides biologiques comme le lait, l’urine ou la semence des mâles.
    Attention, le résultat négatif à ces tests ne donne pas la certitude que l’animal est indemne, car les bactéries peuvent être présentes en très petite quantité et pas détectables par le test utilisé.

Que faire en cas d’infection ?

Dans un élevage, il faut isoler rapidement tous les chiens séropositifs des autres animaux, et dépister tous les autres chiens de l’élevage, car ils peuvent être asymptomatiques. Il faut alors assainir l’élevage en stoppant la reproduction et les échanges d’animaux pendant une période de six mois, et en mettant en place des mesures de désinfection drastiques.

Pour le chien infecté, plusieurs options sont possibles. On peut tout d’abord tenter de soigner l’animal et de limiter la transmission de la bactérie. Pour cela, il faut stériliser le chien chirurgicalement et mettre en place un traitement antibiotique de longue durée (au moins quatre à huit semaines). Cependant, les antibiotiques ne permettent pas de guérir tous les animaux, et peuvent parfois s’accompagner d’effets secondaires dus à une toxicité hépatique ou rénale. Même après un traitement, l’animal devra être suivi à vie, car les risques de rechute sont importants. Le chien sera aussi isolé de ses congénères pour ne pas leur transmettre la bactérie. Sinon, une euthanasie peut être envisagée afin de limiter les risques de transmission aux autres chiens et aux personnes en contact de l’animal infecté.

Pour ce qui est de la prévention, aucun vaccin contre la brucellose n’est disponible. Cependant, des mesures peuvent être mises en place pour prévenir au maximum de l’apparition de la maladie. Par exemple, les chenils peuvent imposer une quarantaine de six à huit semaines aux nouveaux chiens ainsi que deux tests sérologiques à l’arrivée et après six semaines. Les mâles reproducteurs peuvent être testés régulièrement environ deux fois par an pour limiter une contamination par la reproduction. Enfin, il est préconisé de tester les chiens mâles et femelles présentant le moindre trouble de la reproduction.

Chez les ruminants, la brucellose est très réglementée en France et dans l’Union Européenne. Il faut veiller à limiter la transmission de la maladie des animaux de rente aux chiens vivant autour des élevages en contrôlant au maximum la divagation des chiens au sein des élevages et les empêchant de manger des produits d’avortement ou de mise bas. Si des cas sont détectés chez des animaux d’élevage, il faut veiller à bien dépister les chiens qui sont à leur contact.

Quand faut-il aller chez son vétérinaire ?

Si votre chienne subit un avortement, ou que votre animal présente le moindre trouble de la reproduction comme de l’infertilité ou une infection testiculaire, il faut consulter votre vétérinaire qui pourra étudier la piste de brucellose ainsi que d’autres maladies provoquant des troubles reproducteurs.

Il faut aussi penser à contacter son vétérinaire si votre animal a été en contact avec un chien suspecté ou positif à la brucellose canine, pour surveiller qu’il n’y ait pas eu de transmission.

Enfin, puisque la brucellose peut aussi engendrer des symptômes non spécifiques, si votre animal a un état général diminué, parait fatigué, a une infection dermatologique, des problèmes de boiterie, cardiaques, oculaires ou cérébraux, il faut prévenir votre vétérinaire traitant.